- Pourquoi s’intéresser aux biais cognitifs ?
Parfois, notre cerveau en vient même à inventer un sens face à quelque chose qu’il ne comprend pas dans le monde.
Le cerveau a tendance à raisonner ainsi : “Il faut le croire pour le voir” (et non pas “Il faut le voir pour le croire”). Quand le cerveau n’a pas assez d’informations pour comprendre la réalité, il prend une décision (celle qui lui paraît la plus probable) et attribue sa croyance à la réalité. Le cerveau va porter son a priori perceptif sur l’élément qu’il n’arrive pas à comprendre.
Or il y a autant d’a priori que de cerveaux humains et donc autant de réalités construites que de cerveaux : on comprend alors que certaines personnes n’arrivent jamais à se mettre d’accord car elles voient réellement deux vérités différentes. Ce n’est plus une différence d’opinion, c’est une perception différente de l’environnement extérieur.
- Quatre problèmes que les biais nous aident à régler
Afin d’éviter de se noyer dans un trop-plein d’information, notre cerveau doit écrémer et filtrer un nombre incroyable d’informations et rapidement, sans trop d’effort, décider quelles sont les nouvelles choses à tirer de ce monde en mouvement et les en extraire : la surcharge d’information, le manque de sens, le besoin d’agir vite et comment savoir de quoi on doit se rappeler plus tard.
Les biais cognitifs permettent de résoudre quatre problèmes, que nous pourrions formuler ainsi :
· Nous sommes exposés à un trop plein d’informations,
· Nous devons mémoriser les parties les plus utiles des informations données,
· Le temps nous contraint,
· Le monde manque de sens.
Pour cela, ces réflexes cérébraux faussent trois situations : notre analyse du monde, des autres, et de nous-mêmes.
Pour nous aider à construire du sens à partir des bouts et morceaux d’information qui nous parviennent, nous devons remplir les trous et assembler le tout pour créer nos modèles mentaux du monde. Dans le même temps, nous avons également besoin de nous assurer qu’ils restent aussi stables et efficaces que possible. Dans le but d’agir vite, notre cerveau doit prendre des décisions en une fraction de seconde afin d’augmenter nos chances de survie, de sécurité ou de succès. Il doit également avoir confiance en sa (notre) capacité à agir sur le monde.
Et pour que tout cela se fasse aussi efficacement que possible, notre cerveau doit se rappeler des parties les plus importantes et utiles des informations qu’il rencontre et en informer ses systèmes afin qu’ils puissent s’adapter et s’améliorer au cours du temps, mais rien de plus.
- Plus de 150 biais cognitifs connus, regroupés en 4 groupes
D’après Buster Benson (article “Cognitive bias cheat sheet” https://medium.com/better-humans/cognitive-bias-cheat-sheet-55a472476b18#.wru9kyadv), les 4 groupes principaux impactant la poursuite d’objectifs de transformation que ce soient des organisations ou des individus sont :
· les choses avec lesquelles nous sommes familiers sont meilleures que les choses qui ne le sont pas : avec notamment les effets de halo ou pom pom girl ;
· nous avons tendance à vouloir les taches dans lesquelles nous avons déjà investi du temps et de l’énergie avec les biais les plus connus qui sont le risque zéro, l’aversion à la perte, ou encore le célèbre effet ikéa ;
· nous avons tendance à éviter les actions irréversibles (par exemple avec le biais du statu quo) ;
· nous favorisons les options les plus simples avec notamment le rasoir d’Occam ou la loi de futilité de Parkinson ;
· nous avons besoin de savoir que nous faisons quelque chose d’important, les biais les plus marquants étant à mon sens l’effet Kruger, et la compensation du risque.
- Et alors ? où est le problème?
Si les biais sont efficaces pour traiter nos principaux soucis de compréhension et interprétation de ce qui nous entourent, ils possèdent leurs propres et nombreux défauts :
· Nous ne voyons pas tout. Et certaines des informations que nous écartons/filtrons sont en fait utiles et importantes.
· Notre quête de sens peut générer des illusions. Nous imaginons parfois des détails qui ont été placés là par nos suppositions, et construisons des intentions et des histoires qui n’existent pas vraiment.
· Les décisions rapides peuvent être complètement nulles. Certaines des conclusions auxquelles nous arrivons sont injustes, égoïstes et contre-productives.
· Notre mémoire renforce les erreurs. Une partie des choses dont nous nous rappelons le plus rendent les systèmes cités ci-dessus encore plus biaisés, et plus dommageables pour nos processus de pensée.
- Comment lutter efficacement contre les biais cognitifs ?
Impossible ! Rien de ce que nous pouvons faire ne peut éliminer les quatre problèmes (à moins de trouver un moyen d’améliorer la façon dont notre cerveau fonctionne pour mieux le faire coller à la réalité) mais si nous acceptons le fait que nous sommes en permanence biaisés et qu’il y a de la marge pour s’améliorer – le biais de confirmation vous aidera à trouver des preuves allant dans ce sens … – cela au final nous permettra de mieux nous comprendre nous-même.
En gardant à l’esprit nos quatre problèmes avec le monde et les conséquences qu’ont les stratégies que notre cerveau utilise pour les résoudre, les biais de disponibilité (et celui de Baader-Meinhof en particulier) fera que nous remarquerons nos biais plus souvent.
Si vous lisez ou pensez à cet article pour vous rafraîchir la mémoire assez souvent, l’effet d’espacement vous aidera à souligner certains des motifs les plus forts ce qui tiendra à l’écart point aveugle et réalisme naïf.
Pour aller plus loin, retrouver ici la source de cet article avec tous les biais connus regroupés et cartographiés avec leur définition : https://associationslibres.wordpress.com/2016/10/14/petit-guide-exhaustif-des-biais-cognitifs/ et https://inertian.wixsite.com/codexbiais